« Rien de nouveau sous le soleil » ? L'indice intertextuel dans L'Élixir de longue vie de Balzac (2024)

1L’Élixir de longue vie (Balzac 1980: XI) est un court texte publié pour la première fois dans la Revue de Paris en 1830, puis dans divers recueils de Contes philosophiques au cours de la même décennie. Lors de son insertion dans La Comédie humaine en 1846, il est placé par Honoré de Balzac dans les Études philosophiques. À cette occasion, le romancier ajoute un avis au lecteur qui a longtemps fort intrigué les balzaciens. En effet, avant de se lancer dans des considérations générales sur le texte que s’apprêtent à lire ses lecteurs, Balzac donne sa version de la genèse et des sources de ce conte philosophique. En cela, cette dédicace au lecteur ne se distingue guère des usages habituels en matière de péritexte. En revanche, elle s’en démarque par son caractère résolument elliptique. Si Balzac y «avoue un innocent emprunt», il n’identifie, pour autant, pas précisément l’œuvre dans laquelle son lecteur pourrait trouver ce «fait déjà conté» (Balzac 1980: XI, 473). L’auteur de La Comédie humaine se contente de raconter qu’un ami lui a donné il y a longtemps «le sujet de cette Étude, que plus tard il [a trouvé] dans un recueil publié vers le commencement de ce siècle» et de présenter comme le résultat de «ses conjectures» la possibilité que ce conte soit en réalité «une fantaisie due à Hoffmann de Berlin [...] oubliée dans ses œuvres par les éditeurs». Bien sûr, on ne trouve nulle trace du scénario de L’Élixir ni chez Hoffmann, ni chez d’autres écrivains de la veine fantastique allemande, anglaise ou française. En 1831 déjà, à l’occasion d’une publicité parue dans le journal Le Globe pour les Romans et contes philosophiques, Balzac présentait L’Élixir de longue vie comme «le récit neuf et piquant d’une vieille histoire» (Cité par Tolley 1963) - sans bien sûr donner plus d’informations. Un détail de la dédicace au lecteur renforce cette incitation à lire le conte philosophique balzacien comme une variante d’un ou plusieurs hypotextes: Balzac dit avoir agi «comme le bon La Fontaine». Plus connu aujourd’hui pour ses fables reprises, entre autres, d’Ésope, Jean de La Fontaine a aussi écrit des contes dont il a souvent trouvé le sujet chez Boccace ou l’Arioste. Une réécriture par La Fontaine d’un épisode du Roland furieux, le conte de «Joconde», a d’ailleurs donné lieu, dans la deuxième partie des années 1660 [1], à une querelle littéraire sur l’imitation. Comme l’a écrit Boileau à cette occasion, La Fontaine a «conté plus plaisamment une chose très-plaisante» (Boileau-Despréaux 1966: 319). Connaisseur de La Fontaine pour avoir édité ses Œuvres complètes en 1826, pendant sa courte carrière d’éditeur, Balzac ne dit pas autre chose dans le «Prologue du Secund Dixain» des Contes drolatiques: «Le bonhomme auquel nous debvons des fables et contes de sempiternelle aucthorité [La Fontaine] n’y ha mis que son outil, ayant robbé la mattière à aultruy;[...]» (Balzac 1990: I, 159) [2]. À la différence de La Fontaine, toutefois, Balzac n’avoue pas explicitement sa dette envers ses prédécesseurs. Ainsi, l’avis au lecteur, ajouté à l’édition Furne de 1846, appelle un régime de lecture particulier du texte qu’il introduit: une lecture indiciaire des traces de la «relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes» (Genette 1982:8) [3].

2Cette invitation à une lecture intertextuelle du conte philosophique de Balzac n’est pas le seul fait des déclarations de l’auteur. Avant l’intégration de L’Élixir de longue vie à La Comédie humaine, un article du Mercure de France commentait, d’ailleurs déjà, la publication de la nouvelle balzacienne en 1830ainsi: «Rien de nouveau sous le soleil […]» (Pry 1830: 228) [4].

3Les demi-aveux de Balzac et ce dernier commentaire ont lancé les critiques sur plusieurs pistes et ont donné lieu à des enquêtes qui ont révélé l’existence de plusieurs suspects. Cette affaire sera ici reprise à nouveaux frais, mais avec une perspective différente des études mentionnées ci-dessus. Un travail d’enquête a, non seulement, permis d’apporter des éléments nouveaux au dossier, de révéler, dans la littérature antérieure à Balzac, un «élixir» inédit qui avait échappé aux précédentes recherches, mais aussi de relativiser l’intérêt d’une telle quête d’une origine unique. Nous verrons que les mêmes marques textuelles dans L’Élixir de longue vie ouvrent sur plusieurs pistes hypertextuelles. Il est par conséquent vain de chercher à prouver qu’un texte en particulier est le modèle du conte balzacien. Moins que de montrer le réemploi de tel ou tel intertexte en particulier, c’est le geste qui consiste à les convoquer tous qu’il s’agit de questionner. Cette étude de cas n’a pas pour objectif de révéler la source, «the source» comme Bruce Tolley, de L’Élixir, ni de faire jouer une version contre un autre, mais de mettre en évidence, par un examen minutieux, comment le texte balzacien réorganise des éléments issus de plusieurs hypotextes dans un contexte discursif, textuel et intertextuel nouveau.

4L’Élixir de longue vie a pour héros Don Juan, auquel Balzac donne une origine italienne. Le conte décrit un épisode fondateur ayant eu lieu dans la jeunesse du célèbre personnage à Ferrare. Sur le point de mourir, le père de Don Juan – Bartholoméo Belvidéro – demande à son fils de frotter son corps, une fois qu’il aura expiré, à l’aide d’un élixir en mesure de le ramener à la vie. Après avoir vérifié l’efficacité de la potion sur une partie du cadavre de son père, Don Juan choisit de la garder pour lui. Il vit alors la vie de débauche qu’on lui connaît. Lorsqu’à son tour il sent son heure venir, Don Juan donne à son fils, Philippe, la fiole et les instructions nécessaires à sa résurrection. Il lui cache, en revanche, son pouvoir réel et lui assure que c’est une eau sainte qui le lavera de ses nombreux péchés avant de se présenter devant son Créateur. Comme Philippe a été élevé en vue de cette unique tâche, c’est-à-dire dans le strict respect de l’autorité paternelle et de la religion catholique, il s’exécute. Terrifié par les premiers signes de vie qui suivent l’application de l’élixir sur un bras et la tête du trépassé, Philippe laisse tomber la fiole qui se brise. À moitié ressuscité, Don Juan, comble de l’ironie, est canonisé. La nouvelle se termine sur une scène macabre et comique: lors d’une cérémonie religieuse durant laquelle Don Juan, furieux de ce mauvais sort, ne cesse de blasphémer, ce dernier parvient à attaquer l’abbé venu le sanctifier en détachant sa tête vivante de son buste mort.

5La curiosité piquée par cette histoire étrange et les déclarations de l’auteur, la critique balzacienne est partie en quête de la «source inconnue» [5] de L’Élixir de longue vie. Selon René Guise – auteur de l’«Introduction» à cette étude philosophique dans l’édition de la Pléiade de La Comédie humaine –, la «source initiale» de Balzac est un texte anonyme publié dans une revue, l’Almanach des prosateurs, en 1805: «L’élixir d’immortalité». Voici le résumé que R. Guise en donne:

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«Bazile a longuement mis au point deux produits d’une telle vertu que, si on les utilise dans les dix heures qui suivent un décès, on donne au mort une seconde vie. Il adresse de minutieuses instructions à son fils Alexandrin: il faut enduire tout le corps d’un onguent, et lorsque les lèvres commencent à remuer, verser l’élixir dans la bouche. Bazile meurt. Alexandrin, “pénétré d’une vive douleur d’avoir perdu un si digne père”, pense trop tard aux remèdes: le délai de dix heures est écoulé. Mais cet ami des plaisirs se console en se disant qu’il aura, lui, une seconde vie, pour racheter les fautes de la première. Le moment de sa mort venu, Alexandrin, pour éviter que ne lui arrive la même aventure qu’à son père, cache à son fils René la vraie nature des produits et s’adresse, non à son amour filial, mais à son avarice:[…]; si René exécute bien les consignes, le cadavre d’Alexandrin sera converti en or pur. Le fils n’a garde d’oublier le délai. “À peine eut-il oint tout le corps, et commencé à verser la liqueur, que le corps donna des signes de vie. René, saisi de frayeur, laissa tomber la fiole”.»

7Le titre et l’intrigue suffiraient à identifier ce texte comme la source tant recherchée. Or, comme le fait remarquer René Guise, à la suite de Bruce Tolley, ce texte est une adaptation d’une courte histoire publiée par Richard Steele dans le Spectator,en 1712, sous le titre: «Story of Basilius Valentine and His Son» (Addison et Steele 1753: Vol. VI, N° 426, 121-125). Dans cette version, le scénario est inséré dans un cadre: une discussion entre deux amis sur la transmission des vertus des parents aux enfants et les devoirs de chacun. Afin d’illustrer son propos, l’un des deux hommes rapporte alors l’histoire en question. Dans la version de Steele, le père qui fait appel à son fils pour l’aider à ressusciter est Basilius Valentinus, un alchimiste allemand fictif qui aurait vécu au XVe siècle. Le narrateur note alors avec malice que la vanité d’un père qui entoure de beaucoup de soins son fils dans l’espoir qu’une partie de sa future gloire retombe sur son géniteur est souvent punie par la Providence. Celle-ci réserve à ce père des enfants au caractère tout opposé à ses espérances. C’est le cas de Basilius dont tous les biens sont dispersés par son fils après sa mort. Ce dernier se voit, toutefois, à son tour puni – souligne le narrateur – puisque son fils, Renatus, lui ressemble en tout point et il est, de ce fait, très peu digne de confiance.

8La discussion amicale sur le lien entre les générations dans le récit-cadre et les interventions du narrateur évoquées ci-dessus ont une évidente affinité avec l’étude balzacienne. Comme le narrateur du conte de Steele, celui de L’Élixir de longue vie ne manque pas de souligner les caractères tout opposés de Don Juan et de son fils Philippe. Ce dernier est «aussi consciencieusem*nt religieux que son père [est] impie, en vertu peut-être du proverbe: À père avare, enfant prodigue» (Balzac 1980: t.XI, 488). L’adresse «Au lecteur» de L’Élixir de longue vie – comme le récit-cadre chez Steele – institue d’ailleurs le conte comme une réflexion sur l’héritage. Héritage au sens premier, transmission de biens matériels, tout d’abord: contre le reproche d’invraisemblance qu’on pourrait faire à son récit, Balzac soutient que nombreux sont les enfants qui n’attendent que la mort de leurs parents pour mettre la main sur leur héritage – et, comme Don Juan, ne ressusciteraient pas leur père si on leur en donnait l’occasion; mais aussi, par analogie, héritage immatériel: comme Basilius, Bartholoméo Belvidéro a trop gâté son fils et, de ce fait, il échoue à lui transmettre les traits de caractère (sa sagesse par exemple) qui auraient convaincu ce dernier de le sauver. Le texte de Steele insiste, en outre, sur l’inversion du cours naturel des choses que représente le fait qu’un fils (re)donne vie à son père. Cette inversion des rapports d’hérédité est soulignée par Basilius lui-même: «By this Means you will give me Life as I have you, and we will from that Hour mutually lay aside the Authority of having bestowed Life on each other, […]» (Addison et Steele 1753: vol. VI, N° 426, 123) [6]. Père et fils seront à égalité puisque chacun aura donné vie à l’autre une fois. Le conte philosophique de Balzac partage donc avec celui de Steele un sous-texte qui pourrait être qualifié de moraliste et qui oriente l’interprétation dans le sens d’une fable du rapport entre les générations.

9Or, The Spectator a connu un important succès au XVIIIe siècle, en Angleterre d’abord, mais aussi très vite à l’étranger. Le volume quatre d’une traduction française, parue à Amsterdam, reprend, en 1720, le texte qui nous intéresse sous le titre suivant: «Histoire de Valentin fameux chimiste Allemand & du Secret qu’il avait trouvé pour redonner la vie aux Morts». À l’époque de la publication de L’Élixir, l’article du Mercure de France déjà cité note qu’il est aisé de trouver des traductions du Spectator à Paris: «[…] on relira toujours avec plaisir le conte original du Spectateur, voire même dans la traduction attribuée à Jean Pierre Moët, et qui dort sur les quais à dix sous le volume» (Pry 1830: 228). Il n’est par conséquent pas invraisemblable que Balzac ait eu connaissance, en plus de la version abrégée publiée dans l’Almanach des prosateurs, de la version de Steele et des questions philosophiques qu’elle pose sur l’héritage.

10Jean-François Perrin, un dix-huitièmiste, propose une autre piste. Dans un article consacré à l’œuvre de Thomas-Simon Gueullette, il indique que ce dernier a aussi adapté le scénario de l’élixir de renaissance dans Les Sultanes de Guzarate (publié en 1732). C’est dans l’«Histoire de Massoud, fils de Soffar» que le père adoptif de Massoud, un alchimiste, demande à son fils d’utiliser, en cas de décès, trois fioles selon ses instructions afin qu’il puisse ressusciter. Comme dans L’Élixir de longue vie et dans l’«Histoire de Valentin», le moment venu, le fils prend peur aux premiers signes de renaissance et laisse tomber la fiole contenant l’élixir qui se brise. Ainsi, J.-F. Perrin note que les ressemblances du scénario de l’«Histoire de Massoud» laissent penser que «Balzac pourrait l’avoir exhumé du Cabinet des fées pour sa propre nouvelle» (Perrin 2009: 215).

11Or, «The Story of Basilius Valentine and His Son»de Steele (ou son adaptation l’«élixir d’immortalité») et l’«Histoire de Massoud» de Gueullette tirent, tous deux, très probablement leur scénario d’une anecdote de la Relation du voyage de Moscovie, Tartarie et de Perse d’Adam Olearius, le secrétaire d’une ambassade du duc D’Holstein envoyée en Russie et en Perse dans les années 1630 et premier traducteur du Gulistan de Saadi en allemand. Traduite en français en 1656, cette relation retranscrit, à l’occasion de la description de la ville perse de Caswin, une légende locale: l’«Histoire fabuleuse de Locman» (Olearius et Mandelslo 1656: 323-324). Selon cette fable, le fameux sage et fabuliste oriental aurait passé la fin de sa vie dans cette ville. Sentant la mort approcher, il transmet à son fils trois fioles qu’il a confectionnées et qui peuvent rendre la vie à un homme mort récemment. Locman décédé, son fils choisit de garder pour lui l’élixir sous le prétexte, fallacieux, que son père lui a conseillé d’en faire usage avec parcimonie. Quand il est à son tour à l’article de la mort, le fils de Locman demande à un serviteur de se servir des trois fioles selon les instructions de son père. Le serviteur verse les deux premières, mais il prend peur lorsqu’il s’apprête à utiliser la dernière et que le fils de Locman, impatient, crie «verse, verse». Le valet laisse tomber la fiole qui se brise et le fils de Locman rejoint son père dans l’au-delà. Comme chez Balzac, et contrairement aux deux versions vues jusque-là (celle de Steele et celle de Gueullette), le fils du concepteur de l’élixir, dans cette version, décide consciemment de ne pas ressusciter son père. Le récit de voyage d’Olearius a connu un succès important tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles comme en témoignent sa rapide traduction en français et en anglais et les éditions successives de 1666, 1719 et 1727. Dans l’adresse «Au lecteur», Balzac dit avoir reçu le sujet de L’Élixir il y a longtemps d’un ami et ce n’est que plus tard qu’il découvre qu’il a été publié dans un recueil au début du siècle. Peut-être cet ami lui a-t-il parlé de cette anecdotechez Olearius? Une dernière version, clairement basée sur le texte du voyageur allemand, laisse penser que sa relation de voyage n’était pas complètement oubliée au XIXe siècle. Le texte s’appelle «Le fils de Locman» et il a été publié en 1818 dans une revue bordelaise La Ruche d’Aquitaine[7] par Benjamin Gradis (1818), un critique littéraire et romancier. B. Gradis opère quelques modifications au scénario, mais il en reprend les principales articulations et des détails qui ne laissent aucun doute sur sa connaissance du texte d’Olearius: par exemple, «Le fils de Locman» débute par une description semblable de la vie de Locman et l’action s’y déroule également en Perse, dans la ville de Caswan (Caswin chez Olearius). Gradis donne un peu de chair au récit en y ajoutant par exemple le raisonnement qui conduit le fils de Locman à ne pas ressusciter son père et une description de sa vie dissolue une fois qu’il a hérité de la fortune de ce dernier. Ainsi, douze ans avant la publication de L’Élixir de longue vie, un écrivain français réactualise la légende persane rapportée par Olearius. Publié dans une revue somme toute mineure, il n’est pas certain que Balzac ait eu accès directement à cette version sans, toutefois, qu’on puisse totalement exclure cette possibilité tant les analogies sont nombreuses entre la version de Gradis et celle de Balzac.

12L’enquête intertextuelle, la recherche en paternité aboutit à cinq candidats qui peuvent tous prétendre au statut d’hypotexte de L’Élixir de longue vie. Les fils se brouillent encore plus lorsqu’on constate que la séquence de l’élixir chez Gueullette, celle qui partage le moins de nœuds narratifs avec L’Élixir de longue vie[8], est suivie de la description des aventures amoureuses du héros. Si la plupart des versions mentionnent le fait que le fils mène une vie dissolue après la mort de son père, celle de Gueullette s’attarde particulièrement sur les talents de séducteur de Massoud. Ce dernier se révèle être un Don Juan au sens populaire:

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«[…] profitant de mes talents et de la faiblesse des belles personnes qui me voulurent du bien, je puis dire qu’il y a peu d’hommes de mon âge qui ait [sic] eu autant de bonnes fortunes et qui se soit moins piqué de fidélité que moi, puisque depuis plus de dix ans que j’exerce cette profession [acteur] dans différentes troupes, il y a peu de semaines que je n’aie changé de maîtresse.»

14Avant L’Élixir de longue vie, Les Sultanes de Guzarate associe donc à l’apologue de l’élixir de Locman un séducteur aux innombrables conquêtes féminines. L’œuvre de Gueullette mérite notre attention pour une deuxième raison: elle contient aussi une version burlesque de l’élixir de résurrection. Dans l’«Histoire d’Aboul-Assam», le héros, un médecin, est contraint de rejoindre, après plusieurs revers de fortune, une troupe de charlatans. Son numéro consiste à faire croire au public crédule qu’il est capable de ramener à la vie un enfant démembré en appliquant un onguent sur les membres épars du cadavre et en les rejoignant. En réalité, ce tour est une illusion imposée au public par la dextérité et la vitesse des charlatans. La variante charlatanesque de l’élixir de Locman peut se lire comme une double réflexion à caractère métanarratif: premièrement, sur les pouvoirs de la fiction et, deuxièmement, dans un recueil composé de fragments, sur la cohésion d’un corps textuel si disparate. En effet, Les Sultanes de Guzarate est un habile montage textuel qui puise à des sources diverses: anecdotes, bouts de récits de voyage, extraits de dictionnaires, etc [9]. De manière analogue, Jean-Paul Sermain voit dans un autre corps réuni suite à un morcellement la métaphore du mode de composition du recueil des Mille et Une Nuits, lui aussi composé d’éléments hétérogènes: c’est le corps recousu du frère d’Ali Baba après qu’il a été découpé en quatre quartiers par les quarante voleurs (Sermain 2009). Cassim, le frère en question, ne renaît pas à la suite de cette opération. Mais un autre personnage des Mille et Une Nuits[10], Aly Djohary, après que son corps a été lui aussi sectionné en quatre endroits, est ressuscité par ses amis à l’aide d’une pommade composée par Salomon et de l’eau de la fontaine de vie, appliqués tous deux sur les morceaux de son corps réunis. Plus généralement encore, la version charlatanesque de l’élixir chez Gueullette est une parodie de ces objets magiques qui ont le pouvoir de redonner la vie ou la jeunesse et que l’on trouve autant dans la chanson de geste d’Huon de Bordeaux, dans le roman d’Alexandre que dans les recueils de contes indiens, persans ou arabes. L’«Histoire d’Aboul-Assam» dans Les Sultanes de Guzarate inaugure en outre également une réflexion sur les pouvoirs de la fiction. L’usage charlatanesque que fait Aboul-Assam de la potion de renaissance jette un doute sur le récit de Massoud [11]: la crédibilité de ce dernier en tant que narrateur et la véracité, l’authenticité de son témoignage sont remises en cause. Massoud est-il lui aussi un charlatan abusant de la crédulité du public de sultanes qui écoute son histoireet du lecteur du recueil de contes? Les Sultanes de Guzarate a donc un caractère métaficitonnel au sens que donne à ce concept J.-P. Sermain (Sermain 2002): l’œuvre de Gueullette invite le lecteur à réfléchir à son rapport à la fiction.

15Les Sultanes de Guzarateforme un précédent intéressant à plus d’un égard. Au contraire des versions de ses prédécesseurs, celle de Gueullette présente à la fois le scénario de l’élixir tel qu’hérité de Steele et d’Olearius, mais aussi une version critique de l’élixir de résurrection ainsi que des onguents, pommades, baumes, pommes, poires de résurrection et autres fontaines de vie et de jouvence qui jalonnent les productions culturelles des aires occidentales comme orientales. L’œuvre de Gueullette ne se contente pas de reprendre la fable de l’élixir, mais en propose une fiction critique; elle inaugure, ainsi, une réflexion sur l’intégration de la fable dans un ensemble plus vaste. Ces remarques ne visent, cependant, pas à prouver que Les Sultanes de Guzarate est la source de Balzac. Tous les textes réunis entretiennent des rapports étroits avec L’Élixir de longue vie, mais aucun ne contient exactement les éléments de la séquence balzacienne. L’Élixir de longue vie déjoue toutes les tentatives de mettre au jour sa source unique.

16Comme on peut le constater, L’Élixir de longue vie est bien le récit neuf «d’une vieille histoire»; d’une histoire qui est passée d’Olearius [12] à Steele et à Gueullette, mais aussi d’une histoire plus ancienne encore qui va de Gilgamesh à Alexandre le Grand, du Trône enchanté aux Mille et Une Nuits. Cette observation n’est pas radicalement nouvelle: mis à part le texte de B. Gradis, toutes les versions répertoriées ici ont été identifiées par différents critiques. Les conséquences, toutefois, de cette multiplicité des hypotextes ont été négligées jusqu’à présent.

17Premièrement, la trame de L’Élixir est composée de la combinaison de toutes les versions précédentes de la fable de l’élixir de Locman. Chaque variante décrite met en œuvre une partie des principales articulations narratives de la nouvelle balzacienne, mais il manque, à chaque fois, un ou plusieurs éléments qui sont justement présents dans une autre version. Pour reprendre métaphoriquement la problématique de L’Élixir de longue vie, cette étude a une hérédité complexe, elle est le produit d’héritages multiples. Ainsi, dans L’Élixir de longue vie, les mêmes indices textuels mènent à différentes pistes intertextuelles sans qu’il soit possible de privilégier l’une ou l’autre. La multiplication des intertextes indique que l’étude balzacienne s’insère, en réalité, dans une série: elle est une variation sur des données déjà traitées par d’autres. En tant que version parmi d’autres de l’apologue de la mort de Locman, le texte de Balzac s’éclaire de ce fait par comparaison avec toutes les autres variantes.

18Sans entrer dans le détail de toutes leurs différences, les versions de l’élixir de Locman peuvent être réparties en deux groupes: par rapport au texte de Balzac, soit manque le premier parricide volontaire (chez Steele, chez Gueullette), soit la structure redoublée père-fils (chez Olearius, chez Gradis). Dans les versions de Steele, de l’Almanach des prosateurs et de Gueullette, le fils de l’homme sage détenteur de l’élixir trahit involontairement son père, par négligence, là où le Don Juan de Balzac, comme le fils de Locman dans les versions de Gradis et Olearius, préfère garder pour lui l’élixir plutôt qu’arracher son père des griffes de la mort. Cependant, à l’inverse de Don Juan, le fils de Locman chez Gradis et Olearius fait appel à un serviteur, et non à son propre fils, pour assurer sa résurrection. Or, c’est bien la conjonction de ces deux articulations narratives essentielles qui organisent la problématique de la nouvelle balzacienne: L’Élixir de longue vie relate l’égoïsme d’un fils qui se refuse à ressusciter son père afin de s’assurer lui-même de vivre une seconde vie après sa mort, mais qui échoue dans cette entreprise, car son propre fils ne se montre pas à la hauteur de la tâche. La comparaison de ces différentes versions d’un même sujet révèle par conséquent, dans L’Élixir de longue vie, un travail de collage à partir de plusieurs versions d’un même noyau narratif. Il est difficile de faire la part de l’original et de ses variations: la réécriture balzacienne reprend, tout ensemble, le récit oriental et toutes ses déclinaisons européennes [13]. Récit composé d’éléments d’origines diverses, L’Élixir de longue vie est une œuvre fondamentalement composite.

19Deuxièmement, L’Élixir de longue vie est aussi une œuvre hybride. L’enquête réalisée amène à constater que le scénario de l’«Histoire fabuleuse de Locman» tel qu’il apparaît dans les relations d’Olearius a donné lieu à de nombreuses réécritures du XVIe au XIXe siècle. Or, Balzac se sert de cette séquence pour ajouter un épisode – son épisode – à la geste donjuanesque. Il est, en effet, significatif que Balzac transpose un conte d’origine persane, et qui fût souvent un conte oriental, dans un cadre occidental et associe à ce scénario aux ramifications orientales une figure emblématique de la culture européenne: Don Juan. L’Élixir de longue vie est donc aussi l’association de deux histoires centrées sur deux figures issues de deux espaces culturels différents: européen pour l’un (Don Juan) et arabo-musulman pour l’autre (Locman). D’un apologue oriental sur le plus célèbre des fabulistes musulmans et qui a été décliné en plusieurs contes orientaux français, Balzac tire une étude philosophique sur la figure de Don Juan.

20Dès lors, il n’est pas anodin que Balzac avoue avoir agi «comme le bon La Fontaine». Tout d’abord, comme déjà évoqué, car L’Élixir s’inscrit bien dans une série de variantes sur un même sujet à la manière du fabuliste; ensuite, car, comme La Fontaine avoue sa dette envers l’Indien Pilpay (parfois nommé Bidpaï) et l’Arabe [14] Locman, Balzac réécrit, lui aussi, une fable d’origine orientale. Ayant pris connaissance de cela, un lecteur de L’Élixir ne sera pas surpris par des détails incongrus du texte qui prennent alors la valeur d’indices intertextuels: le père de Don Juan est un «vieil orientaliste» (Balzac 1980: XI, 485) qui a tiré de ses nombreux voyages dans «les talismaniques contrées de l’Orient» les secrets nécessaires à la fabrication de l’élixir; la passion du Don Juan balzacien est qualifiée d’«amour de possession, un amour oriental» (Balzac 1980: XI, 485–486); ou encore, l’abbaye de San Lucar qui, à la fin de L’Élixir, s’apprête à accueillir Belvidéro devenu San Juan par la grâce de son «imparfaite résurrection» est en réalité une «antique mosquée […] bâti[e] par les Maures» (Balzac 1980: XI, 492).

21Cette mise au jour de la composition de L’Élixir de longue vie par réarrangement, réorganisation de plusieurs versions d’une séquence narrative préexistante ne signifie, toutefois, pas que l’étude balzacienne se réduise à ses hypotextes. L’Élixir est plus que la somme des textes qu’il réécrit. C’est au croisem*nt de l’étude de l’intégration de ces hypotextes dans une nouvelle configuration textuelle et de la mise au jour des nouveaux réseaux qu’implique cette inclusion qu’une interprétation peut être dégagée.

22Premièrement, la séquence de l’élixir de Locman, une fois transposée dans un conte philosophique publié en 1830, une fois transformée en un chapitre de la vie de Don Juan, s’inscrit dans un nouveau contexte discursif qui change les effets de sens que produit cette séquence. Il faut, en effet, replacer L’Élixir de longue vie dans son rapport avec les œuvres qui ont été écrites depuis les versions de Steele et de Gueullette. Une fois transféré dans un ouvrage du XIXe siècle, un personnage en quête d’une deuxième vie ne manque pas d’en évoquer d’autres: Faust de Goethe – même s’il repose sur une légende du XVIe siècle – et Melmoth de Maturin – personnage qui réapparaît dans l’univers de La Comédie humaine (dans Melmoth réconcilié). Comme le fait remarquer Michel Delon dans un article consacré à Cagliostro (Delon 1994), la période de troubles politiques et sociaux qui couvre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle est friande de personnages, issus parfois du folklore, qui déjouent la mort. Plus généralement, le Don Juan de Balzac fait également partie de la catégorie à succès durant la période romantique des personnages révoltés contre Dieu. Max Milner note à ce propos qu’à cette époque «[…] le parallèle entre Don Juan et Faust devenait un lieu commun, […]» (Milner 1971: I, 601). La nouvelle appréhension de la fable de l’élixir de résurrection, induite par ce nouveau contexte, s’exprime, entre autres, chez Balzac par une insistance plus grande que chez ses prédécesseurs sur le caractère transgressif et satanique de l’élixir. Sous la plume de Balzac, l’élixir devient un défi explicite lancé à Dieu par l’impie Don Juan.

23Deuxièmement, au sein de La Comédie humaine cette fois, l’élixir de Locman s’inscrit dans une réflexion sur la longévité qui parcourt toute cette œuvre. Au contraire du possesseur de la peau de chagrin qui doit renoncer à toute passion et à tout désir s’il souhaite jouir d’une longue vie, Don Juan Belvidéro entre en possession d’un moyen de prolonger sa vie sans avoir à renoncer aux jouissances terrestres. Don Juan est le négatif des vieillards qui peuplent La Comédie humaine, économes de leur énergie vitale et, de ce fait, bénéficiant d’une longévité hors du commun: de l’antiquaire de La Peau de chagrin à Gobseck et Zambinella. Même s’il est promis comme ces centenaires à une «longue vie», Don Juan Belvidéro, à l’inverse de ceux-ci, peut se livrer à tous les excès dans sa première existence. Don Juan et Raphaël de Valentin – un souvenir peut-être de Basilius Valentinus – entrent, tous deux, en possession d’un objet en mesure de modifier la durée de leur existence. Si la peau d’onagre entraîne la déperdition au carré du stock d’énergie vitale à chaque désir et accélère la mort de Raphaël, l’élixir de Bartholoméo Belvidéro offre, au contraire, le doublement du temps de vie: la chance d’une seconde existence, d’une nouvelle jeunesse. En contrepartie, néanmoins, celui qui veut faire usage de l’élixir doit compter sur la loyauté d’une tierce personne: il doit la convaincre de renoncer à se réserver le privilège d’avoir «toute une existence en réserve» (Balzac 1980: XI, 487). C’est ce qu’échoue à faire Bartholoméo qui comprend à l’exclamation de son fils – «Il y en a bien peu» (Balzac 1980: XI, 480) – que celui-ci gardera pour lui l’élixir. Don Juan doit se résoudre au parricide s’il souhaite prolonger son temps de vie. La Peau de chagrin et L’Élixir de longue vie sont deux pans d’une même méditation sur la durée de la vie et les sacrifices à faire pour la prolonger.

24Ainsi, même si L’Élixir de longue vie reprend la majeure partie de son intrigue de la fable de l’élixir de Locman, l’étude balzacienne ne manque pas de renvoyer à de nombreux autres textes dans et hors de La Comédie humaine.

25La démarche utilisée ici trouve son exposition la plus claire et la plus synthétique dans un article de Michel Charles (1998). Ce dernier montre que Le Bal de Sceaux entretient une forte relation intertextuelle avec deux fables de La Fontaine: «La fille» et «Le héron». Cette identification lui permet alors de mettre en évidence des détails du texte balzacien qui prennent, de ce fait, la valeur d’indices intertextuels:

26

«C’est que le filtre de La Fontaine nous permet de mettre en relief un certain nombre d’énoncés, qui seraient, sans lui, des détails à peu près insignifiants. Nous voyons un texte en croiser un autre, […]; il en retient quelque chose que la tradition a déjà sélectionné, il le reconfigure dans sa perspective propre («balzacienne»: tout l’appareil social et économique, restitué dans un contexte historique précis), et il le met en interaction avec d’autres textes, créant une combinaison propre.»

27L’Élixir de longue vie aussi «retient quelque chose que la tradition a déjà sélectionné» dans les multiples versions de la fable de Locman (la quête de l’immortalité, la relation père-fils), «le reconfigure dans sa perspective propre» (un pendant à La Peau de chagrin), «le met en interaction avec d’autres textes» (Faust, Melmoth the Wanderer) afin de créer «une combinaison propre» (la vie de Don Juan d’après Balzac).

28Il convient alors de s’interroger sur le fait que L’Élixir de longue vie, contrairement au Bal de Sceaux, masque soigneusem*nt la relation de dérivation qui le relie à la fable de Locman. L’adresse «Au Lecteur» brouille même volontairement les pistes en renvoyant à une œuvre d’Hoffmann. Il ne s’agit pas de déterminer si les lecteurs de Balzac connaissaient la version de Steele et s’ils ont réellement cru les explications de Balzac – certains indices laissent d’ailleurs penser qu’ils n’étaient pas dupes de cette mise en scène [15]. Il est nécessaire, au contraire, de réfléchir à la raison d’être de cette fausse piste, de s’interroger sur le geste qui consiste à masquer le réemploi de la séquence de l’élixir de Locman – alors que L’Élixir de longue vie se présente, par ailleurs, explicitement comme une version du mythe donjuanesque: «dès lors il devint DON JUAN» (Balzac 1980: XI, 485).

29Si Balzac brouille les pistes, c’est tout d’abord qu’avec le Romantisme la valeur littéraire d’un texte réside dans son originalité et non, comme durant l’âge classique, dans la variante qu’il propose d’un sujet préexistant [16]. Par conséquent, l’imitation n’est pas un principe dont Balzac peut se réclamer; et ce d’autant plus que le début du XIXe siècle voit l’élaboration de la propriété intellectuelle et la reconnaissance du délit de plagiat. Partant, la pratique intertextuelle se doit d’être plus discrète. Contraint d’avouer l’emprunt, Balzac insiste alors sur son caractère involontaire et lance son public sur une fausse piste.

30Si le réemploi de la séquence de l’élixir de Locman est masqué, c’est aussi qu’en n’identifiant pas clairement où le lecteur peut trouver ce «fait déjà conté», Balzac évite consciencieusem*nt de construire une nécessité et une intentionnalité qui réduiraient l’ouverture dialogique de son étude philosophique. Au contraire, en se contentant d’évoquer allusivement une «vieille histoire», Balzac ouvre le champ des possibles intertextuels. L’énigme de l’origine de L’Élixir est volontairement insoluble [17]. Il faut comprendre ainsi la mention du caractère involontaire, indélibéré de la réécriture: Balzac concède avoir traité «un fait déjà conté», mais «à sa manière, et sans le savoir» (Balzac 1980: XI, 473). La fausse piste hoffmannienne peut être interprétée dans le même sens (éviter de réduire L’Élixir à l’un de ses intertextes). Elle semble, dans un premier temps, trouver sa confirmation dans quelques touches de fantastique que contient L’Élixir de longue vie. L’inscription générique – incertaine et mouvante – de cette œuvre balzacienne mériterait à elle seule toute une étude. On se contentera de faire remarquer ici que Balzac adapte la séquence de l’élixir de Locman pour qu’elle s’insère dans la mode contemporaine du récit fantastique à la Hoffmann [18]: il multiplie les notations soulignant l’atmosphère étrange et inquiétante et il ajoute des détails macabres à la description de la mort de Bartholoméo et à celle de l’«imparfaite résurrection» de Don Juan. Cependant, la fin de l’étude, mi-horrifique, mi-bouffonne – la tête de Don Juan se détache de sa dépouille, tombe sur le crâne d’un abbé et lui dévore la cervelle – laisse entendre qu’il ne faut peut-être pas prendre pour argent comptant ces gages d’appartenance au fantastique et qu’une lecture au second degré est possible (lecture qui n’annule pour autant pas la première). La relation de L’Élixir à ses nombreux hypotextes peut être ainsi qualifiée d’intertextualité en trompe-l’œil: selon le point de vue adopté, tel ou tel intertexte apparaît [19]. Même s’il entretient des analogies avec plusieurs œuvres, L’Élixir de longue vie ne se réduit pas à l’un de ses intertextes; à une version de l’élixir de Locman ou à «une de ces plaisanteries à la mode en 1830, époque à laquelle tout auteur faisait de l’atroce pour le plaisir des jeunes filles» (Balzac 1980: XI, 473). L’Élixir de longue vie est tout à la fois – mais pas uniquement – une variante du mythe de Don Juan, une méditation sur la longévité, une réflexion sur l’héritage, une variation sur Faust, un collage de différentes versions d’un apologue et un pseudo conte fantastique.

  • [1]

    Selon Raymonde Robert (1982), la version de Bouillon a été publiée en 1663 et celle de La Fontaine en 1664. La lettre XII de Boileau a été éditée pour la première fois en 1669.

  • [2]

    «Prologue», dans le Secund Dixain, O.D., t. I, p. 159.

  • [3]

    Selon un usage répandu, est utilisée ici une définition large de l’intertextualité qui englobe, dans la terminologie de Genette, cette catégorie et celle d’hypertextualité.

  • [4]

    Selon les recherches de Bruce Tolley (1963), P. Pry est en réalité le pseudonyme d’Amédée Pichot – directeur de La Revue de Paris et traducteur des œuvres complètes de Byron.

  • [5]

    Pour reprendre le titre d’un article d’Élisabeth Teichmann consacré à cette recherche des sources (1955).

  • [6]

    La phrase est traduite ainsi dans l’édition française de 1755: «Par ce moyen [l’élixir et l’onguent] vous me donnerez la vie que vous tenez de moi, & dès ce jour-là nous n’aurons point d’autorité l’un sur l’autre, à l’occasion de ce bon office mutuel; […]» (Addison et Steele 1755: t.2, LXXIII, 206).

  • [7]

    Cette revue, bimensuelle, a paru entre 1818 et 1823 et elle a été fondée par Edmond Géraud. Selon Christiane Szeps (1988), ce dernier entretenait des liens avec des écrivains de son temps comme Chateaubriand, V. Hugo, Ch. Nodier et accueillait leurs textes dans sa revue. En outre, la naissance de cette revue est commentée par les grands journaux parisiens – preuve d’un certain rayonnement.

  • [8]

    La séquence n’est pas construite en deux temps comme toutes les autres versions comparées ici.

  • [9]

    Comme le met en évidence l’édition très documentée de Jean-François Perrin (Gueulette 2010).

  • [10]

    Dans l’édition d’Edouard Gauttier d’Arc (1823: VII, 91–116).

  • [11]

    Le personnage qui échoue à ressusciter son père au moyen de l’élixir que ce dernier lui a légué.

  • [12]

    Et, si l’on croit à la mise en scène d’un conte oral, de bien plus loin encore.

  • [13]

    V. Bonanni fait un constat similaire dans son étude des Contes drolatiques: Balzac y pastiche Les Mille et Une Nuits ainsi que le conte oriental du XVIIIe siècle.

  • [14]

    De culture si ce n’est d’origine. Les légendes qui entourent son existence font souvent de lui un Abyssinien.

  • [15]

    La publication de l’article de Pichot dans Le Mercure de France au XIXe siècle une semaine après la publication de la nouvelle de Balzac dans La Revue de Paris par exemple. En outre, seize ans plus tard lors de l’intégration dans La Comédie humaine, Balzac se défend encore des accusations de plagiat.

  • [16]

    Voir à ce propos Paul Bénichou (Bénichou 1967).

  • [17]

    Chantal Massol-Bedoin (1996: 181-193) note que Balzac recourt fréquemment à l’énigme comme moteur de ses romans, mais que leur fin est souvent déceptive et que nombre de ces énigmes restent irrésolues.

  • [18]

    Même si Les Élixirs du diable (traduit en français en 1829) était, quand Balzac publie pour la première fois L’Élixir de longue vie, encore attribué à Carl Spindler (Balzac 1980: XI, 467).

  • [19]

    Selon le principe de l’anamorphose.

« Rien de nouveau sous le soleil » ? L'indice intertextuel dans L'Élixir de longue vie de Balzac (2024)
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